EuroApi, filiale du groupe Sanofi, spécialisée dans les actifs de médicaments fera ses débuts ce vendredi sur le marché parisien. Début avril, Sanofi avait annoncé l’approbation, par l’Autorité des marchés financiers, de son prospectus d’admission.
Le petit géant de Sanofi
Leader mondial des principes actifs pharmaceutiques et disposant d’un portefeuille large, EuroApi fournit ses clients dans plus de 80 pays et apporte des solutions couvrant l’ensemble du cycle de recherche et développement. Avec 3350 employés, six sites de production et de centres de développement équipés de technologies de pointe tous implantés en Europe (France, Allemagne, Hongrie, Italie et Royaume-Uni) et un objectif d’atteindre un chiffre d’affaires consolidé d’environ 1 milliard d’euros dés 2022, cette filiale n’est pas un Petit Poucet, bien au contraire.
La genèse du projet
Pourquoi Sanofi se “sépare” de cette nouvelle société créée récemment (2021) ou plutôt “externalisée” ? Si nous reprenons le communiqué de presse d’EuroApi, la question se pose :
- positionnement de premier plan sur un grand nombre de familles d’API
- positionnement solide sur le marché du CDMO avec des marges potentielles plus fortes
- forte intégration verticale qui permet autonomie et sécurité des approvisionnements
- excellence reconnue en matière de fabrication et d’innovation
- excellence reconnue en matière de conformité réglementaire
- clientèle équilibrée et diversifiée
- stratégie ESG ambitieuse
Nous pourrions croire que Sanofi se tire une balle dans le pied…
Reprenons les prémisse de ce projet. Au 1er octobre 2021, Euroapi cette filiale détenue à 100% par Sanofi est créée. Le but pour Sanofi introduire EuroApi en Bourse puis vendre une partie de ses parts pour n’en garder “que” 30%. Lorsque nous parlons d’externalisation c’est vraiment le terme à employer dans ce type de processus. Comme nous l’avons vu précédemment, EuroApi est une belle machine de guerre, 3350 salariés, six usines Elbeuf (France, Seine-Maritime), de Vertolaye (France, Puy-de-Dôme), Brindisi (Italie), Haverhill (Angleterre), Ujpest (Hongrie) et Francfort (Allemagne) et un siège social.
La particularité de ces usines est d’avoir principalement une activité dite tiers. C’est à dire qu’elles vendent leur production à des clients autre que Sanofi (l’inverse d’une activité dite captive). Et comme l’explique Sanofi, en créant cette entité et en la rendant quasiment indépendante, EuroApi aura la possibilité et la capacité de capter de nouveaux marchés puisque la société ne sera pas vu comme une société concurrente mais bien une société pouvant être considéré comme un prestataire.
Cette seule information est bien sûr louable, mais est-elle l’unique raison pour Sanofi de lancer ce projet ?
Orientation stratégique
Sanofi a choisit, il y a quelques années, d’arrêter la recherche de nouvelles molécules. Cette décision est venue au fur et à mesure que la recherche a pu connaître des baisses d’activité ce qui a également engendré au fil du temps des cessions/ventes/fermetures d’usines produisant ce type de molécules. Même si Sanofi s’est engagé à acheter des volumes d’API produits par EuroApi, il n’y a pas de durée et le groupe pourrait à terme également mettre en concurrence. Car même si Sanofi explique que les autres grands laboratoires pharmaceutiques rechignent à sous-traiter leur production d’API à un concurrent, il ne faut pas non plus croire que Sanofi est et restera le partenaire exclusif d’EuroApi. Et c’est peut-être ici que les choses se compliquent pour EuroApi.
Les faiblesses du projet EuroApi
Maintenant tentons de comprendre réellement ce changement de stratégie : arrêter la recherche et se séparer d’une partie de son activité chimie, il y a forcément anguille sous roche. Car la chimie c’est rentable mais sûrement pas assez profitable au goût du Groupe. Et finalement, avec cette stratégie que fait Sanofi ? Ils “vendent” leurs usines, vieillissante (nous y reviendrons) et moins profitable, au marché.
580 millions d’euros d’investissements industriels
Et voilà ! Le pavé est lancé. Il y aura une première enveloppe d’investissements industriels à 580 millions d’euros, dont 270 millions en France. C’est ce qu’avait dévoilé le directeur général Karl Rotthier le 19 octobre. Nous comprenons un peu mieux le business model de Sanofi. D’ailleurs Karl Rotthier l’explique très bien :”EuroAPI pourra investir désormais dans des projets et des bâtiments où Sanofi ne va jamais investir, car le business model est différent“, tout en ajoutant : « Nous allons pouvoir investir dans nos propres domaines stratégiques ». Cette fois-ci, nous sommes d’accord. Vous l’aurez compris, Sanofi encaissent tout en lâchant un marché moins profitable, nécessitant de surcroît des moyens pour rénover leurs sites tout en pouvant à l’avenir faire marcher la concurrence. C’est un win-win-win.
Faut-il enterrer EuroApi ?
Le challenge pour l’équipe n’est pas sans risques. Il y aura des défis importants. Le plus important sera de manier investissement, rentabilité et développement tout en partant avec un passif non négligeable. D’ailleurs, il ne faut pas se leurrer d’autres ont essayé et ils ont eu des problèmes (pardon pour cette référence). Mais attention, il y a un chose importante à retenir. Lorsqu’une entité ne croît plus à un produit, est-elle capable de prendre les meilleures décisions ? La réponse est clairement non. Et c’est l’opportunité qu’EuroApi détient. La société pourra “prouver” qu’il y a un chemin que Sanofi ne voit pas car comme nous l’évoquions précédemment, la chimie reste rentable.
Notre conseil : évidemment !
Le risque n’est donc pas immédiat et pourra ne pas être forcément visible, le diable se cache dans les détails mais le virage devra être pris rapidement. Nous avons été plutôt négatif sur cet article car notre objectif était de comprendre le mécanisme et la volonté de Sanofi dans cette opération. Puis de vous montrer que ce paquet si bien présenté n’était pas aussi jolie qu’il n’en paraissait. Ensuite, forcément il y a toujours des détails cachés. Même si nous n’en avons pas parlé, nous savons qu’en interne il y a eu bataille. Comme vous vous en doutez les salariés ont très rapidement compris ce que nous avons tenté de vous expliquer et ils ont également perdu certains avantages que vous pouvez avoir lorsque vous êtes avec un grand groupe. Nous avons donc montré la face la moins belle de cette introduction. MAIS, comme nous l’évoquions plus haut, la chimie c’est rentable. Nous émettons ainsi un avis favorable et souhaitons une belle aventure boursière à EuroApi et ses salariés. Ce sera sûrement une introduction qui devrait être l’une des plus belles réussites de l’année 2022 !
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