Quel que soit l’angle d’analyse, l’inflation aux États-Unis reste le facteur central qui influence les marchés financiers. Elle a fait vaciller Wall Street hier, alimentant des craintes d’accélération des prix, avec des répercussions négatives sur la politique monétaire, l’économie et la confiance. Les indicateurs robustes publiés récemment pour la première économie mondiale ont poussé les traders à revoir leurs attentes : une baisse des taux de la Fed au premier semestre 2025 semble désormais illusoire. La perspective d’un assouplissement monétaire s’éloigne encore, comme en témoigne la hausse des rendements des obligations d’État américaines, atteignant 4,68 % sur 10 ans, un niveau inédit depuis mai 2024. Les marchés, qui préfèrent les taux bas pour encourager la prise de risque, se montrent nerveux.
Le S&P 500 a reculé de 1,1 % hier, à 5 909 points, se situant désormais à 3,1 % de son record du 6 décembre 2024. Si cette baisse n’est pas alarmante, le changement de perception concernant la politique monétaire marque une inflexion notable.
Une inflation sous tension et un contexte politique explosif
Les inquiétudes autour de l’inflation sont exacerbées par les politiques anticipées de Donald Trump. Même sans aller jusqu’au bout de ses menaces, les risques inflationnistes qu’il pourrait engendrer ajoutent une couche d’incertitude, un poison pour les investisseurs. L’investiture prochaine de Trump, accompagnée de provocations répétées, devrait également alimenter la volatilité. Lors d’une conférence de presse hier, fidèle à son style provocateur, il a évoqué des projets aussi improbables que l’annexion du Canada ou l’achat du Groenland et du canal de Panama, tout en proposant de débaptiser le Golfe du Mexique. Ces déclarations, oscillant entre sérieux et absurdité, troublent les diplomates et renforcent l’imprévisibilité.
La posture impérialiste assumée par Trump heurte les normes de la diplomatie traditionnelle. Elle rappelle l’ordre “mélien” décrit par Thucydide, où “les forts imposent leur volonté et les faibles doivent céder”. Cette dynamique pourrait redessiner les équilibres mondiaux, les États-Unis dictant leurs conditions pendant que le reste du monde subit.
La Chine face à la déflation et à une attractivité en berne
À l’opposé, la Chine s’enfonce dans une spirale déflationniste. Les mesures de relance peinent à produire leurs effets, et l’attractivité économique du pays s’érode. Un article de Bloomberg a renforcé ce sentiment hier, faisant chuter l’indice MSCI China de 4,5 % depuis le début de l’année. La déflation, miroir inversé des problèmes américains, inquiète les financiers.
En revanche, l’Europe bénéficie d’une inflation modérée, permettant à la BCE d’envisager une baisse des taux sans les dilemmes complexes auxquels fait face la Fed. Ainsi, le Stoxx Europe 600 progresse de 1,4 % depuis janvier, tandis que le S&P 500 reste légèrement en hausse (+0,5 %), malgré la séance difficile d’hier.
Trois régions, trois trajectoires
- États-Unis : Inflation élevée et politique monétaire stricte.
- Europe : Inflation modérée et marge de manœuvre pour réduire les taux.
- Chine : Déflation et perte d’attractivité économique.
Dynamique asiatique mitigée
Ce matin, l’Asie Pacifique affiche des performances contrastées. Le Japon recule légèrement, tandis que la Chine continue sa descente, le Hang Seng enregistrant une quatrième baisse en cinq séances. À l’inverse, la Corée du Sud progresse (+1,1 %), soutenue par des commentaires de Jensen Huang (Nvidia) sur les avancées technologiques de Samsung. L’Australie gagne 0,8 %, portée par les secteurs financier et minier, tandis que l’Inde cède 0,5 %.
Points clés de la journée
Les investisseurs attendent les minutes de la dernière réunion de la Fed à 20h00, ainsi que des données sur l’emploi américain plus tôt dans la journée (enquête ADP et inscriptions hebdomadaires).
Chiffres du jour :
- Euro : 1,0350 USD
- Or : 2 646 USD
- Brent : 77,30 USD
- 10 ans US : 4,68 %
- Bitcoin : 96 156 USD
Changements majeurs dans les recommandations
- Accor : Jefferies maintient sa recommandation d’achat avec un objectif de cours relevé de 48 à 52 EUR.
- ArgenX : Wedbush conserve sa recommandation de surperformance et rehausse son objectif de 650 à 665 USD.
- Ashmore : Jefferies rétrograde d’acheter à conserver avec un objectif abaissé de 220 GBX à 170 GBX.
- Banco Comercial Português : JP Morgan passe de neutre à surpondérer, augmentant son objectif de .50 à .60 EUR.
- BFF Bank : BNP Paribas Exane dégrade sa recommandation de neutre à sous-performance avec un objectif ajusté de 10 EUR à 8,60 EUR.
- Danone : Jefferies abaisse sa recommandation de conserver à sous-performance, réduisant l’objectif de 66 à 56 EUR.
- Dassault Aviation : BNP Paribas Exane reste sur une note de surperformance et ajuste légèrement l’objectif de 249 à 250 EUR.
- Edenred : Jefferies maintient son avis de conserver avec un objectif relevé de 28,30 à 29,80 EUR.
- Inventiva : Jefferies reste à l’achat mais abaisse son objectif de cours de 6 à 3 EUR.
- JCDecaux : Goldman Sachs conserve son avis d’achat et augmente l’objectif de 24,40 à 25,50 EUR.
- Maire : BNP Paribas Exane confirme sa recommandation de surperformance avec un objectif révisé de 9,50 à 11,40 EUR.
- Nanobiotix : Jefferies reste positif avec un objectif réduit de 9,50 à 8 EUR.
- Nestlé : Jefferies dégrade de conserver à sous-performance, ajustant son objectif de 82 CHF à 67 CHF.
- Orsted : Jefferies maintient son avis de conserver mais réduit l’objectif de 430 à 370 DKK.
- Sodexo : Jefferies reste à conserver, diminuant son objectif de 80 à 78 EUR.
- TotalEnergies : Zacks passe de neutre à sous-performance avec un objectif révisé de 57 USD à 48 USD.
- UBS Group : Deutsche Bank conserve sa recommandation avec un objectif rehaussé de 27 à 29 CHF.
En France
Annonces clés :
- Les grands constructeurs automobiles (Stellantis, Toyota, Ford, Mazda, Subaru) achètent des crédits d’émission de CO2 à Tesla pour se conformer aux réglementations européennes.
- Pluxee dépasse les prévisions pour le T1 fiscal et réaffirme ses objectifs pour 2025-2026.
- Dassault Aviation a livré 21 Rafale et 31 Falcon en 2024.
- Trigano annonce une baisse de 17 % de son chiffre d’affaires au T1 fiscal.
- Valeo s’associe à Zutacore pour développer le refroidissement des centres de données.
- Icade signe un bail de 12 ans pour l’immeuble Pulse (Saint-Denis).
- Réalités cède sa filiale LWS Hospitality à ses cadres via un LMBO.
- Voltalia totalise 2 514 MW installés, avec près de 800 MW en construction.
- Lithium de France commande des équipements pour son projet géothermal en Alsace.
- Spineguard met en place un financement obligataire de 1 M€ à 12 %.
À l’international
Europe :
- Flutter : FanDuel anticipe une baisse des bénéfices après une série de victoires inédites des parieurs.
- Galp Energia : Le DG Filipe Silva démissionne suite à une controverse personnelle.
- Roche : Acquisition de Poseida Therapeutics.
- Philips : Vente de la filiale Xiver à Orange Mills Ventures.
- BMW : Rolls-Royce investira 376 M$ au Royaume-Uni.
- SGS : Acquisition d’Aster Global Environmental Solutions.
Amérique du Nord :
- Cintas : Offre publique d’achat de 5,1 Mds$ pour UniFirst.
- Goodyear : Vente de Dunlop à Sumitomo Rubber pour 701 M$.
- Meta : Fin de son programme de fact-checking aux États-Unis.
- AWS : Investissement de 11 Mds$ en Géorgie pour le cloud et l’IA.
Asie-Pacifique :
- Samsung : Prévisions inférieures aux attentes pour le T4.
- Tencent : Rachète massivement ses actions après avoir été inscrite sur une liste noire américaine.
- Renesas : Suppression de 5 % de ses effectifs.
- BHP Group : Exploration de cuivre en Arizona avec Ivanhoe Electric.
Actualités du portefeuille
Vallourec atteint une dette nette nulle avec un an d’avance
Vallourec a annoncé avoir atteint son objectif de dette nette nulle avec un an d’avance. Selon les estimations préliminaires de clôture, l’entreprise a réduit sa dette nette de plus de 240 millions d’euros au quatrième trimestre 2024, marquant ainsi un neuvième trimestre consécutif de désendettement.
Le résultat brut d’exploitation (EBITDA) pour 2024 est attendu dans une fourchette de 800 à 850 millions d’euros, conformément aux prévisions communiquées lors des résultats du troisième trimestre. Les flux de trésorerie du quatrième trimestre ont été soutenus par l’encaissement de 155 millions d’euros issus de la cession de la majeure partie du site de Rath, ainsi que par des dépenses d’investissement et des besoins en fonds de roulement inférieurs aux attentes initiales.
Vallourec confirme que 80 % à 100 % des flux de trésorerie générés au second semestre 2024 pourraient être redistribués aux actionnaires. La publication des résultats du quatrième trimestre et de l’exercice 2024 est prévue pour le 27 février prochain.
Conseillé mi-décembre, le titre devrait ouvrir à la hausse. Vous pourriez prendre une partie de vos bénéfices.